Jean Moulin, les voies de la liberté

De Jean Moulin, nous connaissons ce portrait de l'homme au manteau, chapeau et écharpe portée avec élégance, mais que sait-on de son parcours, de l'enfant, du jeune homme presque ordinaire qu'il a été, avant de devenir l'icône de la résistance ? Peu de choses si ce n'est rien. L'exposition du CHRD nous invite dans l'intimité de l'homme, de son enfance jusqu'à sa capture par la Gestapo en 1943.

L'homme derrière le héros

En début de parcours le regard est attiré par cette multitude de petites cartes postales qui retracent la chronologie du personnage, de son enfance méridionale à ses années d'apprentissage. On le découvre à l'occasion de vacances en famille, au ski ou encore en compagnie de sa mère et de sa sœur Laure. L'interview de cette dernière, teintée bien sûr d'une certaine émotion, éclaire d'une façon originale la personnalité du jeune Jean Moulin.
Puis on découvre l'artiste. D'abord le dessinateur car, dès son plus jeune âge, il n' a cessé de pratiquer comme peintre-caricaturiste connaissant d'ailleurs un certain succès auprès des journaux humoristiques comme La Baïonnette et la Guerre. Il n'a alors que 16 ans ! Puis le talentueux graveur connu plus tard sous le pseudonyme de Romanin. Parmi les objets phares une eau-forte, La prière à Sainte Anne

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Virginie Billy

Le résistant

Les années trente passent en un éclair pour le jeune homme engagé. Il entre dans les ministères, et devient d'ailleurs le plus jeune préfet de France en 1937 ! Arrivent les années 40, sa première arrestation en juin où, maltraité, il tente de se suicider. L'année d'après il prend contact avec un groupe de résistants avant son départ pour Londres. Parmi les objets les plus troublants, un fragment de parachute de la mission Rex (son pseudo), ou encore le brouillon de cette même mission annoté par le Général de Gaulle ! 

L'artiste

La galerie Romanin que Jean Moulin inaugure à Nice au début de l'année 1943 n'est pas qu'une couverture, même si cela permettait de justifier plus simplement ses nombreux déplacements. Véritable exutoire pour l'homme qui se sait de plus en plus menacé, il se découvre une passion pour l'achat et la vente d'œuvres d'art. Son âme d'artiste ne l'a d'ailleurs jamais quitté, même en poste comme Préfet. Lors de ses rendez-vous à Lyon et dans ses environs, il a le plus souvent avec lui ses carnets de dessin ou crayonne sur la nappe en papier des bistrots.
Arrêté le 21 juin 1943, Jean Moulin figure sur le registre des écrous de la prison Montluc sous le nom de Jacques Martel, peintre-décorateur, (un autre pseudonyme qu'il prend dès la fin de l'année 40), qualité qu'il défend jusqu'au bout car pour Jean Moulin, l'art c'est la vie ! Il décède le 8 juillet 1943, dans le train qui le déporte en Allemagne, sans avoir livré le moindre secret.